Au centre d'Autun, en Saône-et-Loire, se trouve une ancienne prison circulaire fermée en 1955. Pour la première fois, les archives du centre pénitentiaire ont été étudiées par des élèves, en collaboration avec le musée Rolin, dans le cadre d'une pièce de théâtre.
« Vous êtes condamnés pour le vol de 34 moutons ! ». Munis d'uniformes pénitentiaires, d'uniformes nazis ou de robes d'époque, les élèves du lycée Bonaparte et des collèges du vallon et de la châtaigneraie, à Autun (Saône-et-Loire) ont endossé le rôle d'anciens prisonniers le temps d'une soirée.
À partir d'archives qui n'avaient jamais été explorées, ils ont écrit une pièce de théâtre et l'ont jouée à l'occasion de la Nuit européenne des musées au musée Rolin , le 14 mai. Ces documents anciens concernent la prison panoptique d'Autun - un symbole de cette architecture qui permet de voir sans être vu - édifiée entre 1854 et 1856 et fermée un siècle plus tard.
Depuis deux ans, le musée travaille avec les écoles sur cette maison d'arrêt, dans le cadre d'ateliers d'éducation artistique et culturelle (EAC). Une manière de se réapproprier l'histoire locale, explique Agathe Mathiaut-Legros, directrice des musées et du patrimoine à la ville d'Autun.
« Il y a encore cinq ans, on ne savait pas qui avait été emprisonné ici, les archives n'ayant jamais été ouvertes. On a découvert que les principaux chefs d'accusation étaient le vagabondage, la mendicité, le racolage ou même l'avortement », explique la directrice.
Un travail d'archive
À partir des registres d'écrous et de lettres envoyées par les prisonniers, les étudiants ont reconstitué des histoires, comme celle de lycéens condamnés pour sabotage par les autorités nazies. Habillés comme en 1940, ils se propulsent dans une cellule. « J'ai gardé sur moi le carnet qui détaille nos actions, il faut que je m'en débarrasse », lance l'un d'eux. « Il y en a qui disent que les Allemands envoient les prisonniers dans des camps », répond une autre.
Une mise en scène rendue possible grâce au travail d'archive réalisé par le chercheur en philosophie Théophile Lavault, lui-même originaire d' Autun . « Je suis intervenu plusieurs fois dans les classes. C'était très constructif. En parlant du passé, les élèves se sont interrogés sur le système carcéral actuel ou sur la question des femmes emprisonnées pour avortement, des questions très contemporaines », souligne-t-il.
La prison intégrée au Musée Rolin
Une vision partagée par Coralie et Pomme, toutes deux lycéennes. « C'était vraiment intéressant de découvrir la vie de ces gens « normaux », alors que nos grands-parents ont aussi connu la guerre. Et aussi découvrir qu'il y avait des enfants dans cette prison ».
Ce travail de mémoire est soutenu par le musée Rolin dans le cadre de son projet d'agrandissement qui devrait aboutir en 2026. Le futur musée Panoptique - Rolin intégrera l'hôtel Rolin (le musée actuel), auxquels viendront s'ajouter les bâtiments du palais de Justice et de la prison circulaire.
Dans les prochains mois, des premières fouilles vont être menées pour pouvoir construire le futur tunnel qui reliera l'actuel musée à la prison circulaire. Un projet culturel d'envergure, au service de la mémoire historique.
Lucille Meunier
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